La pédagogie assistée par l’animal (partie 1)

La pédagogie assistée par l’animal :
Un chien auprès d’élèves en difficulté

L’origine de ce nouveau projet

Dans le cadre de mes apprentissages universitaires, j’ai eu l’opportunité d’intégrer un chien en contexte scolaire et ce, plus précisément au sein d’une classe d’élèves en difficulté d’adaptation et d’apprentissage. L’objectif premier était de leur faire vivre une expérience rassembleuse permettant de travailler des buts pédagogiques similaires à ceux de l’équipe-école.

Heïdi… une partenaire de choix pour cette aventure

Mon choix était déjà fait ! La place était réservée à ma petite chienne Border Terrier, vive et alerte, âgée de 8 ans à ce moment. Ma petite « didine », comme je la surnomme, serait une précieuse collaboratrice pour ce projet.

En fait, Heïdi me suit en zoothérapie depuis 6 ans déjà. Dès que je prépare mon sac d’interventions chargé de balles, de jeux, de friandises et autres, elle me suit à la hâte le temps des préparatifs avec sa démarche enjouée bien à elle. Elle arrive avec sa petite bouille expressive de Terrier et me regarde, l’air de dire : « Ça y est ! C’est mon tour ! »

Pourquoi ce choix?

Je l’ai choisie pour cette aventure car elle est ma complice aguerrie auprès des petits. Dans un contexte prévoyant la présence de plusieurs enfants, il est primordial de se soucier de la sécurité physique et psychologique de tous les êtres en présence (chien et petits humains), car dans l’excitation, l’intensité peut rapidement passer à la hausse. Ainsi, l’intégration d’un partenaire canin en entrainement dans une telle immersion peut devenir rapidement néfaste pour ce dernier. C’est pourquoi il est préférable de lui faire vivre des réussites pas à pas, et ce, dans des situations moins chargées en stimulus. Dès lors, établir une routine sécuritaire et respecter le bien-être de chacun, incluant mon partenaire de travail, devient essentiel.
En réalité, cette petite chienne est douce et posée en présence d’enfants. En fait, elle détient une bonne capacité d’autorégulation dans ses contacts auprès d’eux. Avec son expérience de terrain, elle a aujourd’hui la capacité de moduler son énergie selon l’enfant, puis de s’effacer si l’un d’eux est craintif. D’un autre côté, elle participe activement aux activités proposées et s’adapte facilement à la communication verbale ou gestuelle de chacun. Comme elle a travaillé avec diverses clientèles, elle a acquis des réponses comportementales adéquates au contexte, ce qui a pour conséquence de permettre aux enfants concernés de vivre un maximum de réussites.

La relation, le fondement même de l’intervention…

Je tiens à dire qu’Heïdi m’a beaucoup appris sur la complicité et l’importance de la relation entre un intervenant et son chien partenaire. Au départ, il est juste d’affirmer qu’elle ne se dirigeait pas instantanément vers les gens, mais demeurait préférablement à proximité de sa figure d’attache, en l’occurrence, moi. Si elle s’aventurait, c’était plutôt pour exécuter une tâche et en obtenir un bénéfice. Toute nouvelle relation semblait la déstabiliser. Une personne lui ouvrait les bras et elle se retournait vers moi d’un air hésitant qui semblait signifier : « Euh… Euh… mais qu’est-ce que je dois faire? Je ne sais pas trop, on dirait. Dis-moi ce que je dois faire… s’il te plait! » Alors, j’ai instauré graduellement une routine dans mes déplacements et mes rencontres. Puis je la rassurais et l’encourageais dès qu’elle manifestait un intérêt pour l’humain devant elle, et ce, tout en lui permettant de retrouver son coussin dans sa zone de refuge sécuritaire (zone délimitée par des cônes et la protégeant contre toute intrusion humaine) au besoin. Ainsi, elle pouvait initier des contacts positifs et se retirer si nécessaire. De cette manière, sa confiance s’est construite tout doucement. Maintenant, je peux affirmer qu’elle n’est plus une exécutante seulement axée sur la tâche. Elle initie maintenant les prises de contact et sollicite même l’attention des personnes, car elle peut désormais bénéficier également de ce rapport à l’autre tout comme mon client en bénéficie. Cela demande alors aux individus concernés de l’apprivoiser, et de travailler en parallèle leur autorégulation et leur impulsivité pouvant mener à la création d’un lien significatif réparateur. Dans ces cas, faire des parallèles en partant de l’animal peut favoriser la prise de contact et la complicité avec une personne ayant des atteintes similaires.

Maintenant, suivez-moi dans la classe où s’est déroulé le projet !

Cette chronique a fait l’objet d’une première publication dans la Revue Pattes Libres, Vol. 4, No. 2, Printemps-Été 2016. 
Lien de téléchargement: https://drive.google.com/file/d/0B1lUyxMvIaKwamJ0Ui1QdFNZakk/view

 

2017-09-04T19:09:21+00:00