Zoothérapie : Croyances et réalité

Zoothérapie : Croyances et réalité

En tant qu’intervenants en zoothérapie, nous discutons bien souvent de ce travail qui nous passionne avec les gens que nous côtoyons. Cependant, les croyances sont parfois quelque peu différentes de la réalité. Cela devient donc pertinent de prendre quelques minutes pour en dégager les nuances. Je vous propose de mettre en lumière, le plus simplement possible, la pratique de ce métier !

D’abord, je vais vous demander de répondre, par vrai ou faux, aux affirmations suivantes :
La zoothérapie c’est…

  • Lorsque j’adopte un animal pour mon enfant.
  • Lorsque je caresse un chat.
  • Lorsque je promène un chien.
  • Lorsque j’amène un chien au travail.

Ces affirmations, très répandues au sein de la population, sont malheureusement incomplètes pour être considérées comme étant de la zoothérapie. Alors, essayons de regarder ensemble ce qu’il en est concrètement.

Il n’est pas rare d’entendre que l’animal est source d’affection, de motivation, de concentration, de réconfort et d’autres sources d’émotions positives. Certes, sa présence offre de multiples vertus, mais il est impossible de définir l’animal comme un thérapeute à lui seul. Toutefois, vous comprendrez qu’il fait partie des composantes actives de l’intervention en zoothérapie. En fait, cette dernière doit contenir des ingrédients clés :

  • Un intervenant formé en zoothérapie
  • Un animal entrainé et sélectionné
  • Une personne en besoin
  • Un but d’intervention.
  • Et selon la sphère d’intervention ciblée : Un professionnel détenant cette expertise (physiothérapeute, psychologue, travailleur social, éducateur spécialisé, ergothérapeute, etc.).

Le but de l’intervention est de maintenir ou d’améliorer une condition. Les objectifs doivent être réalistes, précis, atteignables, écrits, attendus et mesurables. Par exemple un éducateur spécialisé formé en zoothérapie qui vise, entre autres, l’augmentation de l’estime personnelle d’un jeune, pourrait établir l’objectif de cette manière : l’élève nommera deux réussites vécues avec le chien d’ici la fin de la rencontre.

Nous pourrions croire que le fait de promener son animal tous les jours favoriserait les contacts sociaux dans les lieux publics alors qu’en réalité, cela pourrait engendrer de l’anxiété pour le promeneur parce que son animal exprime des comportements gênants (sauter sur les gens, aboyer, mordre, etc.). Ainsi, cette personne pourrait se soustraire du moindre contact social, voire s’isoler pour éviter ce malaise. C’est pourquoi il serait peut-être plus judicieux, dans ce cas, de l’accompagner dans une intervention assistée par un animal entrainé.

Une autre situation rencontrée fréquemment est la jeune famille qui adopte un animal dans le but de responsabiliser et de tenir compagnie aux enfants. Malheureusement, lorsque le chiot grandira et que ses comportements ne seront plus aussi mignons qu’avant, les perceptions et les interactions risqueront de changer. Dans certains cas, si l’exécution des tâches entourant l’animal devienne une source de conflits, l’abandon pourrait devenir l’option fatidique. C’est alors qu’il devient indispensable de se demander si nous sommes parvenus aux bienfaits escomptés.
Vous comprendrez que la zoothérapie engage plus que la présence d’un animal. Pour que la zoothérapie soit considérée comme telle, nous devons retrouver les ingrédients actifs mentionnés plus haut. Son potentiel peut aller bien au-delà de la caresse ou de l’accolade. Brosser ou caresser un chien peut être réalisé en zoothérapie si un objectif clinique mesurable a été établi au départ. Cela pourrait être, entre autres, de préserver la capacité de préhension d’une personne âgée afin qu’elle puisse continuer à se nourrir par elle-même.

Termes actuels et définitions entourant la pratique de la zoothérapie

Voici donc trois types d’interventions pratiquées par un intervenant formé :

Activité assistée par l’animal (AAA)

L’AAA implique des activités dirigées vers des buts visant à améliorer la qualité de vie des patients par l’utilisation de la relation homme-animal. Les animaux et leur intervenant doivent être formés à cette fin. Les activités peuvent être thérapeutiques, mais ne sont pas guidées par un thérapeute accrédité. Elles impliquent habituellement des tâches comme la visite chez les patients, des caresses amicales et des activités ludiques. Elle peut également inclure l’éducation liée à l’animal lui-même.

Thérapie assistée par l’animal (TAA)

La TAA, elle, implique des interventions axées sur des objectifs faisant partie du processus de traitement. L’intervenant et son partenaire animal doivent être formés et répondre à des critères spécifiques. Un thérapeute accrédité travaillant dans le cadre d’une pratique professionnelle établit des objectifs thérapeutiques, guide l’interaction entre le patient et l’animal, mesure le progrès vers la réalisation des objectifs et évalue le processus. Elle est considérée comme un complément au traitement existant. Elle demeure une modalité de pratique et non une profession indépendante. Par exemple, un orthophoniste formé en zoothérapie ou assisté d’un intervenant formé en zoothérapie pourrait décider d’intégrer un animal et de le rendre actif pour atteindre des objectifs de communication.

Éducation ou pédagogie assistée par l’animal (EAA)

L’EAA est une intervention planifiée, structurée et orientée vers un but. Elle est pratiquée par un professionnel de l’éducation et peut être conduite par un enseignant ayant des connaissances sur les animaux impliqués. L’accent est mis sur les objectifs scolaires, les aptitudes pro-sociales et le fonctionnement cognitif. Les progrès de l’apprenant sont mesurés et documentés. Par exemple, un enseignant au primaire formé en zoothérapie ou assisté d’un intervenant formé en zoothérapie pourrait décider d’intégrer un animal pour améliorer la fluidité en lecture d’un élève.

La zoothérapie, appelée « médiation animale » en Europe, est une autre formulation employée pour nommer cette pratique basée sur le fondement de la relation humain-animal et intégrant des ingrédients clés similaires aux nôtres.

Pour pratiquer la zoothérapie, l’intervenant doit :
Détenir un diplôme ou une attestation d’un établissement de formation reconnu par la Corporation des zoothérapeutes du Québec (CZQ).
Pratiquer la zoothérapie sous le couvert d’une assurance responsabilité civile et professionnelle.
Respecter un code de déontologie.

Voici les institutions de formation reconnues :

  • Cégep de La Pocatière
  • Centre l’Authentique
  • École internationale de zoothérapie
  • Institut de zoothérapie
  • Zoothérapie Québec.

Voilà, je vous ai dégagé les points importants entourant cette pratique. Ainsi, vous êtes à même de constater qu’elle représente plus que la seule présence d’un animal pour l’intervenant qui la pratique. Vous serez dorénavant en mesure de différencier la réalité du métier versus les croyances répandues.

 

Cette chronique a fait l’objet d’une première publication dans la Revue Pattes Libres, Vol. 5, No. 1, Hiver 2017.
Lien de téléchargement: https://drive.google.com/file/d/0B1lUyxMvIaKwUHNUZGRmOTIzRlk/view

2017-09-04T19:08:16+00:00